Plan louse of ze year
Maintenant que mes pieds se sont à peu près remis de leur week-end, je reprends la plume et m'en vais vous narrer mes dernières tribulations parisiano-festives.
Le méga plan louse de ce week-end, c'était l'anniversaire d'une de mes meilleures amies, normande pure et dure exilée à Paris dans l'univers impitoyable du tourisme d'affaires.
Cette amie (je vais l'appeler Sev, parce que c'est plus court, et aussi parce que c'est son nom) avait réservé le sous-sol d'un petit bar sympa dans le 5e, rue Mouffetard pour être précise, et y avait convié une bonne vingtaine de personnes. En soi, je jugeais le programme plutôt alléchant, aussi étais-je prête à faire l'aller-retour à Paris dans la même soirée (pas moyen de rester, j'étais attendue au fin fond du trou du *** de la (Basse-)Normandie le lendemain). Las! J'étais loin de me douter de ce qui m'attendais...
18h30: j'ai fini les cours depuis une heure, j'ai eu le temps de rentrer chez moi, faire mon sac et me mettre en route. Mais là, je suis encore dans les bouchons à Rouen. C'est pas gagné pour la soirée... La force de l'habitude aidant, je prends mon mal en patience. Pourquoi, mais POURQUOI n'y ai-je pas vu un signe d'avertissement majeur???
20h00: L'A13 à peine quittée, c'est à Meulan que je manque de passer ma soirée. 35mn à faire du pare-choc contre pare-choc, et l'heure qui tourne, qui tourne... Oui, Meulan, parce que j'ai oublié de dire que je passais prendre un copain à Eaubonne, où je devais également délaisser mon fidèle destrier au profit du train de banlieue, cette fabuleuse invention qui a le don de faire ressortir ce que l'être humain a de meilleur. Ou en tout cas de plus odorant.
20h30: Premier moment de solitude: le copain ne m'a pas indiqué la bonne sortie pour arriver chez lui. Oui, je sais, ça arrive. Le problème, c'est que c'est souvent à moi que ça arrive. Résultat: 25mn à tourner dans des quartiers pas vraiment rassurants, de nuit, dans un patelin dont je ne suis même pas sûre du nom...
21h00: Je finis par arriver tant bien que mal chez le copain, nous papotons et nous mettons en route pour Paris. Bon, la station de métro indiquée par Sev était fermée, normal... La loi des séries, me dis-je tranquillement.
22h15: Nous trouvons le bar, quartier super sympa, Thénardiers sympas aussi, soirée bien animée, on rigole, on s'amuse, on retrouve des copains qu'on ne voit pas -assez- souvent, on jette un oeil sur sa montre et là,... c'est le drame. Quoi?!?! Mais on est dans quel espace-temps là? On vient d'arriver et il est déjà...
00h15!!! Nous sommes rive gauche, le dernier train qui peut nous ramener à Eaubonne est à Gare du Nord (au nord, comme son nom l'indique) dans 30mn... Le temps de dire au revoir, merci, super sympa la soirée, on s'appelle on se fait une bouffe, au fait j'adore ta jupe, tu l'as eue où?, et nous voilà en train de galoper dans les rues pavées de Paris. Enfin, galoper est un bien grand mot, parce qu'évidemment j'ai eu l'idée de génie de mettre des escarpins. (pas de commentaires, merci.)
00h35: station Notre-Dame St Michel. Grand, très grand moment de solitude (à deux).
Plus AUCUN RER pour rejoindre Gare du Nord. Je viens de comprendre!! RER = Reste En Rade.
Question: keskonfékancékomça?
00h45: Réponse: on marche. Dans notre cas, vers Châtelet-Les Halles, dans l'espoir de trouver un "noctilien", un bus de nuit pour saoûlards qui, comme nous, savent qu'ils ne seront pas en état de prendre la voiture pour repartir. J'ai de plus en plus mal aux pieds.
01h00: A Châtelet, un gentil monsieur de la RATP nous apprend que l'on doit prendre un premier bus pour St Lazare, et là-bas un autre bus pour Enghien-les-Bains. Oui, Enghien, parce faut pas rêver, y'a pas de bus pour Eaubonne ma p'tite dame, pourquoi un bus irait-il à Eaubonne s'il-vous-plaît, qu'est-ce qu'il y a là-bas?
Bah rien, c'est vrai. Si, ma voiture.
01h21: Ca y est, le bus pour Eaubonne démarre. Contente d'être assise, au moins ce ne sont plus mes pieds qui supportent le poids de mon corps.
01h47: un monsieur descend en titubant du bus, tente de se rattraper à un arbre et se vautre lamentablement sur le trottoir. Possible qu'il y soit encore.
02h03: "Mais on est à St Denis là?!?! Mais on ne va pas au nord nous, on va à l'oueeeeest!!" Nous venons de découvrir le principe du bus de nuit... Un MAXIMUM d'arrêts desservis, dans un MAXIMUM de secteurs. Petit avant-goût d'éternité.
02h30: Terminus! Nous voici à Enghien. Pendant le trajet, j'ai décidé qu'il était hors de question que je marche jusqu'à Eaubonne, et que nous prendrions un taxi. C'est bien connu, ce que femme veut, dieu le veut.
02h31: Dieu est aux abonnés absents, ou alors il a décidé de se marrer un bon coup. Un taxi? A Enghien? A deux plombes du mat'? La bonne blague... Sachez-le: à Enghien, les chauffeurs de taxi vont se coucher de bonne heure (ils font jamais la fête ces gens-là?!?!). J'avise quand même un numéro d'appel de taxis sur une boîte métallique, à la tête de station. J'appelle. La boîte... se met à sonner! Voyons, une boîte qui contient un téléphone, et sur cette boîte le numéro pour appeler le téléphone, dedans... Il y a quelque chose qui m'échappe, pendant que la boîte sonne et résonne, seule, dans le silence de la nuit... Mon copain et moi hésitons entre rire et... pendaison.
02h33: J'ai beau pester, pigner, implorer, je finis par me rendre à l'évidence: je vais devoir marcher.
03h10: Mon pote a eu l'extrême bonté (mêlée d'une sacrée dose d'inconscience) de proposer de me porter. Mais je suis une grande fille, alors je décline... et souffre en (presque) silence. Enfin, je n'y croyais même plus, mais nous arrivons. Nous avons quitté le bar depuis bientôt trois heures...
03h12: J'enlève mes escarpins. "Sffloushhh" font mes pieds en triplant de volume instantanément. Heureusement, comme toute bonne fashion addict qui se respecte, j'ai emmené une paire de ballerines dans mon sac, "just in case". J'adore la girlitude!!! Par contre, comme toute blonde qui se respecte, j'ai oublié le déo glaçant-apaisant-pour-pieds-en-feu.
03h20: nous voilà partis, mon pote et moi, pour Rouen. On a la route pour nous tous seuls. Yeeeeha!
05h00: on arrive chez moi. J'ai envie de pleurer tellement je suis contente. Mais à la place, je me concentre sur l'option "ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Cher et Tendre". Manquerait plus que je me fasse engueuler!!!
Bilan: 3h45 pour me rendre à la soirée. 4h30 pour en revenir. Total: 8h15.
Huit. heures. quinze. minutes.
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LA VACHE!!!! HUIT HEURES QUINZE MINUTES!!!!!!! Quatre-cent quatre-vingt-quinze minutes passées dans les transports!!!!
Pour deux heures quinze de soirée.
Même là, j'ai encore envie de pleurer.
Et je ne parle même pas du plein d'essence, des péages, des tickets RER/métro, de la picole.
Ok, là ça y est, je pleure...