Après un bon dîner, on n'en veut plus à personne, même pas à sa propre famille.*
Bon, tout est dit ou presque dans le titre...
Pour ceux qui ne se seraient pas donné la peine de lire les commentaires des posts précédents, et je ne leur jette pas la pierre, il est question ici du super repas de la noyel, concocté par la soeur de l'auteure.
Voyez, Noël chez nous, c'est comme les vacances, c'est tous ensemble. Donc on est rarement moins de 20 à table, et clairement, on ne vient pas pour picorer de la salade.
Ca vous dit quelque chose, ça? ----->
Jusqu'à présent, j'avais toujours été du bon côté de la table, celui où tu as juste à foutre les pieds dessous en arrivant. Mais voilà, cette année, l'idée saugrenue m'a prise d'avoir pitié de ma soeur qui allait se coltiner un réveillon sur 2 jours, pour 20 personnes donc, et avec 2 enfants en bas âge dans les pattes.
Mais pourquoi je ne m'en suis pas plutôt cassé une, de patte, hein??
Cher(e) lecteur(se), avant de poursuivre, il y a une chose que tu dois savoir sur la soeur de l'auteure, celle qui va par le doux pseudonyme de mymummyvalentine. Tu l'imagines douce, délicate, distinguée et tendre, un peu comme l'auteure? :o)
Mouarf... c'est que tu ne l'as jamais vue... EN CUISINE!!
(d'ailleurs peut-être tu l'as jamais vue tout court? Eh bien un conseil: va pas dans sa cuisine, attends sagement dans la salle à manger)
A dire vrai, si ses parents n'étaient pas aussi les miens, j'aurais supputé que mymummyvalentine était le fruit de l'improbable union illustrée ci-dessous:
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Aussi propose-je donc de rebaptiser mymummyvalentine Benito Van de Kamp, ou à la rigueur Bree Mussolini.
Je vous le fais en résumé:
-vendredi 21 au soir: (soit trois jours avant!) arrivée au camp de concentration retranché. Au programme: testage de recettes prévues pour le réveillon, pour pouvoir les améliorer si toutefois elles s'avéraient imparfaites, même après avoir été testées par des rédactions de journalistes spécialisés, puis validées et imprimées. Premières sollicitations de mon foie.
-samedi 22: relecture critique et comparative d'environ 25 manuels et autres magazines culinaires pour dégoter ZE truc en plus qui rendra ce repas de la nawel inoubliable et parfait, et par ricochet, son hôtesse aussi. Négociations âpres et téléphoniques avec d'autres membres de la famille pour définitivement leur faire comprendre que NON, il n'y aura pas de dinde cette année. Pas assez Cyril Lignacquesque.
-dimanche 23: courses sur le marché et confection des premiers mets qui peuvent supporter d'être préparés à l'avance. Goûtage. Resollicitation de mon foie. Plan de table, lessives, bouinages divers et variés. Couchée 2h00 du matin, quand même.
-lundi 24: 8h30, alors que je dors un étage au-dessus d'elle, mymummyvalentine M'APPELLE SUR MON PORTABLE pour, de sa voix la plus suave, me prier de bien vouloir me lever et descendre les 2 étages me séparant de sa cuisine, où m'attendent une tasse de thé... et une journée sans fin.
Hormi les macarons, le gazpacho, et le plateau de fromages, tout,
absolument TOUT va être fait maison, et dans la poignée d'heures qui suit. Avec, en ce qui me concerne, en
permanence la trouille au ventre de laisser ma maladresse quasi-légendaire ruiner l'un ou l'autre plat
en deux temps trois mouvements, ma seule vraie spécialité culinaire au fond! La trouille au ventre, parce qu'un gros silence à table et 19 regards réprobateurs braqués sur moi, comme ambiance de Noël je rêve de mieux... Heureusement, la kapo chef veille au grain, dans son uniforme
tablier rayé, un oeil sur son meilleur ami, le Kenwood KM005, et un
oeil sur mes préparations à moi... Le nombre de trucs que j'aurais appris à faire dans cette journée! Y'a pas à dire, rien de tel qu'un coup de schlaque pour comprendre l'intérêt des proportions d'une recette! Et les claquements de botte sur le carrelage de la
cuisine, ça aide à fouetter une sauce en mesure, ç'est sûr. J'ai bien essayé de suggérer de mettre un fond musical dans cette cuisine, à un moment donné, car il est vrai que la musique adoucit les moeurs, mais devant la bouche pincée et le sourcil levé de ma chef de camp, j'ai vite compris que je n'avais plus intérêt à remettre en question l'organisation de son domaine de prédilection...
-mardi 25: je ne sais pas bien comment, mais il est 3h00 passées, et j'ai survécu. J'ai aidé à préparer (ok... et à engloutir) des centaines d'amuse-bouches (verrines guacamole-gazpacho et tzatziki-crème de saumon fumé, mini crèmes brûlées au foie gras, bouchées de St Jacques sauce au vin blanc, toasts au magret de canard et sa confiture d'oignon, j'en oublie), puis un velouté de citrouille et son pain d'épices, des cassolettes de mousseline de St Jacques sur fondue de poireaux, un filet de boeuf-rossini avec son gratin dauphinois et sa crépinette d'asperges, un plateau de fromages rabelaisien et sa salade, et enfin un capuccino de fruits exotiques, et des macarons.
Alors lecteur, qu'en pense ton foie?
Le mien a drôlement apprécié figure-toi, surtout avec le tout arrosé de champagne. Preuve s'il en fallait que lorsque c'est fin et délicat, tu peux tout te permettre. Et c'est là que l'on en revient à la citation tenant lieu de titre: oubliés les coups de schlaque, les claquements de botte, les mises au garde à vous et autres brimades! Quand mon ventre va, tout va.
*Oscar Wilde